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Abraham de Vermeil
Ce n'est pas le trépas, c'est un très doux sommeil
Ce n'est pas le trépas, c'est un très doux sommeil
Qui bannit peu à peu l'éclair de ma paupière,
Adieu ; je vais jouir d'une douce lumière,
Attendant que ce corps s'anime de réveil.
Ami, ne pleure plus, ton amour non pareil
Recevra sa couronne au bout de la carrière :
Ainsi passait ma belle, et sa douce manière
Arrêtait de pitié la course du soleil.
Hélas ! à son partir l'Amour partit du monde,
La clarté chut du ciel et se noya dans l'onde,
La mort depuis ce jour est le miel de mon cœur :
Il ne m'est plus resté qu'une langueur extrême,
Qui me fait méconnaître un chacun et moi-même,
Et le ciel s'embellit de mon long crève-cœur.