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    Anatol France

    L'oeuf rouge

    À Samuel Pozzi.


    Le docteur N*** posa sa tasse de café sur la cheminée, jeta son cigare dans le feu et me dit :

    — Cher ami, vous avez raconté jadis l’étrange suicide d’une femme bourrelée de terreur et de remords. Sa nature était fine et sa culture exquise. Soupçonnée de complicité dans un crime dont elle avait été le muet témoin, désespérée de son irréparable lâcheté, agitée par de perpétuels cauchemars qui lui représentaient son mari mort et décomposé la désignant du doigt aux magistrats curieux, elle était la proie inerte de sa sensibilité exaspérée. Dans cet état, une circonstance insignifiante et fortuite décida de son sort. Son neveu, un enfant, vivait chez elle. Un matin, il fit, comme à son ordinaire, ses devoirs dans la salle à manger. Elle s’y trouvait elle-même. L’enfant se mit à traduire mot à mot des vers de Sophocle. Il prononçait tout haut les termes grecs et français à mesure qu’il les écrivait : Κάρα θεῖον, la tête divine ; Iοϰάστης, de Jocaste ; τέθνηϰε, est morte… Σπῶσα ϰόμην, déchirant sa chevelure ; ϰάλει, elle appelle ; Λάιον νεϰρὸν, Laïs mort… Ἐισείδομεν, nous vîmes ; τὴν γυναιϰα ϰρεμαστὴν, la femme pendue. Il fit un paraphe qui troua le papier, tira une langue toute violacée d’encre, puis il chanta : « Pendue ! pendue ! pendue ! » La malheureuse, dont la volonté était détruite, obéit sans défense à la suggestion du mot qu’elle avait entendu trois fois. Elle se leva droite, sans voix, sans regard, et elle entra dans sa chambre. Quelques heures après, le commissaire de police, appelé pour constater la mort violente, fit cette réflexion : « J’ai vu bien des femmes suicidées ; c’est la première fois que j’en vois une pendue. »

    On parle de suggestion. C’en est là de la plus naturelle et de la plus croyable. Je me méfie un peu, malgré tout, de celle qui est préparée dans les cliniques. Mais qu’un être chez qui la volonté est morte obéisse à toutes les excitations extérieures, c’est une vérité que la raison admet et que démontre l’expérience. L’exemple que vous en apportez m’en rappelle un autre assez analogue. C’est celui de mon malheureux camarade Alexandre Le Mansel. Un vers de Sophocle tua votre héroïne. Une phrase de Lampride perdit l’ami dont je veux vous parler.

    Le Mansel, avec qui j’ai fait mes classes au lycée d’Avranches, ne ressemblait à aucun de ses camarades. Il paraissait à la fois plus jeune et plus vieux qu’il n’était en réalité. Petit et fluet, il avait peur, à quinze ans, de tout ce dont les petits enfants s’effrayent. L’obscurité lui causait une épouvante invincible. Il ne pouvait rencontrer, sans fondre en larmes, un des domestiques du lycée qui avait une grosse loupe au sommet du crâne. Mais par moments, à le voir de près, il avait l’air presque vieux. Sa peau aride, collée sur les tempes, nourrissait mal ses maigres cheveux. Son front était poli comme le front des hommes mûrs. Quant à ses yeux, ils étaient sans regard. Maintes fois des étrangers le prirent pour un aveugle. Sa bouche donnait seule une physionomie à son visage. Ses lèvres mobiles exprimaient tour à tour une joie enfantine et de mystérieuses souffrances. Le timbre de sa voix était clair et charmant. Quand il récitait ses leçons, il donnait aux vers leur nombre et leur rythme, ce qui nous faisait beaucoup rire. Pendant les récréations, il partageait volontiers nos jeux, et il n’y était pas maladroit, mais il y apportait une ardeur fébrile et des allures de somnambule qui inspiraient à quelques-uns d’entre nous une antipathie insurmontable. Il n’était pas aimé ; nous en aurions fait notre souffre-douleur, s’il ne nous eût imposé par je ne sais quelle fierté sauvage et par son renom d’élève fort. Bien qu’inégal dans son travail, il tenait souvent la tête de la classe. On disait qu’il parlait, la nuit, dans le dortoir, et que même il sortait tout endormi de son lit. C’est ce qu’aucun de nous n’avait guère observé de ses propres yeux, car nous étions à l’âge des profonds sommeils.

    Il m’inspira longtemps plus de surprise que de sympathie. Nous devînmes subitement amis dans une promenade que nous fîmes avec toute la classe à l’abbaye du Mont-Saint-Michel. Nous étions venus pieds nus par la grève, portant nos souliers et notre pain au bout d’un bâton et chantant à tue-tête. Nous passâmes sous la poterne, puis, ayant jeté notre baluchon au pied des Michelettes, nous nous assîmes côte à côte sur une de ces vieilles bombardes de fer que la pluie et l’embrun écaillent depuis cinq siècles. Là, promenant des vieilles pierres au ciel son regard vague, et balançant ses pieds nus, il me dit : « J’aurais voulu vivre du temps de ces guerres et être un chevalier. J’aurais pris les deux Michelettes, j’en aurais pris vingt, j’en aurais pris cent ; j’aurais pris tous les canons des Anglais. J’aurais combattu seul devant la poterne. Et l’archange saint Michel se serait tenu au-dessus de ma tête comme un nuage blanc. »

    Ces paroles et le chant traînant dont il les disait me firent tressaillir. Je lui dis : « J’aurais été ton écuyer. Le Mansel, tu me plais ; veux-tu être mon ami ? » Et je lui tendis la main, qu’il prit avec solennité.

    Au commandement du maître, nous chaussâmes nos souliers et notre petite troupe gravit la rampe étroite qui mène à l’abbaye. À mi-chemin, près d’un figuier rampant, nous vîmes la maisonnette où Tiphaine Raguenel, veuve de Bertrand du Guesclin, vécut, au péril de la mer. Ce logis est si étroit que c’est merveille s’il a été habité. Il faut que, pour y vivre, la bonne Tiphaine ait été une étrange petite vieille ou plutôt une sainte, menant une existence toute spirituelle. Le Mansel ouvrit les bras, comme pour embrasser cette bicoque angélique ; puis s’étant agenouillé, il se mit à baiser les pierres sans entendre les rires de ses camarades qui, dans leur gaieté, commençaient à lui jeter des cailloux. Je ne raconterai pas notre promenade à travers les cachots, le cloître, les salles et la chapelle. Le Mansel semblait ne rien voir. D’ailleurs je n’ai rappelé cet épisode que pour vous montrer comment notre amitié était née.

    Le lendemain, au dortoir, je fus réveillé par une voix qui me disait à l’oreille : « Tiphaine n’est pas morte. » Je me frottai les yeux et vis à côté de moi Le Mansel en chemise. Je l’invitai rudement à me laisser dormir et ne songeai plus à cette bizarre confidence.

    À compter de ce jour, je compris le caractère de notre condisciple beaucoup mieux que je n’avais fait jusqu’alors, et j’y découvris un orgueil immense, que je n’avais pas soupçonné. Je ne vous surprendrai pas en vous disant qu’à quinze ans j’étais un médiocre psychologue ; mais l’orgueil de Le Mansel était trop subtil pour qu’on pût en être frappé tout d’abord. Il s’étendait sur de lointaines chimères et n’avait point de forme tangible. Cependant il inspirait tous les sentiments de mon ami et il donnait une espèce d’unité à ses idées baroques et incohérentes.

    Pendant les vacances qui suivirent notre promenade au Mont-Saint-Michel, Le Mansel m’invita à passer une journée chez ses parents, cultivateurs et propriétaires à Saint-Julien. Ma mère me le permit, non sans quelque répugnance. Saint-Julien est à six kilomètres de la ville. Ayant mis un gilet blanc et une belle cravate bleue, je m’y rendis un dimanche, de bon matin.

    Alexandre m’attendait sur le seuil, en souriant comme un petit enfant. Il me prit par la main et me fit entrer dans la « salle ». La maison, à demi rustique, à demi bourgeoise, n’était ni pauvre ni mal tenue. Pourtant j’eus le cœur serré en y entrant, tant il y régnait de silence et de tristesse. Là, près de la fenêtre, dont les rideaux étaient un peu soulevés, comme par une curiosité timide, je vis une femme qui me sembla vieille. Je ne répondrais pas qu’elle le fût alors autant qu’il me parut. Elle était maigre et jaune ; ses yeux brillaient dans leur orbite noire, sous des paupières rouges. Bien qu’on fût en été, son corps et sa tête disparaissaient sous de sombres vêtements de laine. Mais ce qui la rendait tout à fait étrange, c’est la lame de métal qui cerclait son front comme un diadème.

    — C’est maman, me dit Le Mansel. Elle a sa migraine.

    Madame Le Mansel me fit un compliment d’une voix gémissante et, remarquant sans doute mon regard étonné qui s’attachait à son front :

    — Mon jeune monsieur, me dit-elle en souriant, ce que je porte aux tempes n’est point une couronne ; c’est un cercle magnétique pour guérir les maux de tête.

    Je cherchais à répondre de mon mieux, quand Le Mansel m’entraîna dans le jardin, où nous trouvâmes un petit homme chauve qui glissait dans les allées comme un fantôme. Il était si mince et si léger qu’on pouvait craindre que le vent l’emportât. Son allure timide, son long cou décharné qu’il tendait en avant, sa tête grosse comme le poing, ses regards de côté, son pas sautillant, ses bras courts soulevés comme des ailerons, lui donnaient, autant que possible et plus que de raison, l’aspect d’une volaille plumée.

    Mon ami Le Mansel me dit que c’était son papa, mais qu’il fallait le laisser aller à la basse-cour, parce qu’il ne vivait que dans la compagnie de ses poules et qu’il avait perdu près d’elle l’habitude de causer avec les hommes. Pendant qu’il parlait, monsieur Le Mansel père disparut à nos yeux, et nous entendîmes bientôt des gloussements joyeux s’élever dans l’air. Il était dans sa cour.

    Le Mansel fit avec moi quelques tours de jardin et m’avertit que tout à l’heure, au dîner, je verrais sa grand’mère ; que c’était une bonne dame, mais qu’il ne faudrait pas faire attention à ce qu’elle dirait, parce qu’elle avait quelquefois l’esprit dérangé. Puis il me mena dans une jolie charmille, et là il me dit à l’oreille, en rougissant :

    — J’ai fait des vers sur Tiphaine Raguenel ; je te les dirai une autre fois. Tu verras ! tu verras !

    La cloche sonna le dîner. Nous rentrâmes dans la salle. Monsieur Le Mansel père y entra après nous avec un panier plein d’œufs.

    — Dix-huit ce matin, dit-il d’une voix qui gloussait.

    On nous servit une omelette délicieuse. J’étais assis entre madame Le Mansel, qui soupirait sous son diadème, et sa mère, une vieille Normande aux joues rondes, qui, n’ayant plus de dents, souriait des yeux. Elle me parut tout à fait avenante. Pendant que nous mangions le canard rôti et le poulet à la crème, la bonne dame nous faisait des contes agréables, et je ne remarquai pas que son esprit fût le moins du monde dérangé comme l’avait dit son petit-fils. Il me sembla au contraire qu’elle était la gaieté de la maison.

    Après le dîner, nous passâmes dans un petit salon dont les meubles de noyer étaient garnis de velours d’Utrecht jaune. Une pendule à sujet brillait sur la cheminée entre deux flambeaux. Sur le socle noir de la pendule reposait, protégé par le globe qui la recouvrait, un œuf rouge. Je ne sais pourquoi, ayant une fois remarqué cet œuf, je me mis à le considérer attentivement. Les enfants ont de ces curiosités inexplicables. Je dois dire aussi que cet œuf était d’une couleur extraordinaire et magnifique. Il ne ressemblait en rien à ces œufs de Pâques qui, trempés dans du jus de betterave, y prennent cette teinte vineuse qu’admirent les marmots arrêtés devant l’étalage des fruitiers. Il était teint d’une pourpre royale. Je ne pus m’empêcher d’en faire la remarque avec l’indiscrétion de mon âge.

    Monsieur Le Mansel père y répondit par une sorte de cocorico qui trahissait son admiration.

    — Mon jeune monsieur, ajouta-t-il, cet œuf n’est point teint, comme vous semblez le croire. Il a été pondu tel que vous le voyez par une poule ceylandaise de mon poulailler. C’est un œuf phénoménal.

    — Il ne faut point oublier de dire, mon ami, ajouta madame Le Mansel d’une voix dolente, que cet œuf fut pondu le jour même de la naissance de notre Alexandre.

    — C’est positif, reprit monsieur Le Mansel.

    Cependant la vieille grand’mère me regardait avec des yeux moqueurs et, pinçant ses lèvres molles, me faisait signe de n’en rien croire.

    — Hum ! fit-elle tout bas, les poules couvent quelquefois ce qu’elles n’ont point pondu, et si quelque malin voisin glisse dans leur nitée un…

    Son petit-fils l’interrompit avec violence. Il était pâle, ses mains tremblaient.

    — Ne l’écoute pas, me cria-t-il. Tu sais ce que je t’ai dit. Ne l’écoute pas !

    — C’est positif, répétait monsieur Le Mansel en fixant de côté son œil rond sur l’œuf pourpre.

    La suite de mes relations avec Alexandre Le Mansel ne présente rien qui mérite d’être conté. Mon ami me parla souvent de ses vers à Tiphaine, mais il ne me les montra jamais. D’ailleurs je le perdis bientôt de vue. Ma mère m’envoya terminer mes études à Paris. J’y passai mes deux baccalauréats et j’y étudiai la médecine. Dans le temps que je préparais ma thèse de doctorat, je reçus une lettre de ma mère qui m’annonçait que ce pauvre Alexandre avait été très malade et qu’à la suite d’une terrible crise il était devenu craintif et défiant à l’excès, qu’il restait d’ailleurs tout à fait inoffensif et que, malgré le trouble de sa santé et de sa raison, il montrait une aptitude extraordinaire pour les mathématiques. Ces nouvelles n’étaient pas pour me surprendre. Bien des fois, en étudiant les troubles des centres nerveux, j’avais fait un retour sur mon pauvre ami de Saint-Julien et pronostiqué malgré moi la paralysie générale qui menaçait cet enfant d’une migraineuse et d’un microcéphale rhumatisant.

    Les apparences ne me donnèrent pas raison d’abord. Alexandre Le Mansel, ainsi qu’on me le manda d’Avranches, retrouva à l’âge adulte une santé normale et donna des preuves certaines de la beauté de son intelligence. Il poussa très avant ses études mathématiques ; même il envoya à l’Académie des sciences la solution de plusieurs équations non encore résolues, qui fut trouvée aussi élégante que juste. Absorbé par ces travaux, il ne trouvait que rarement le temps de m’écrire. Ses lettres étaient affectueuses, claires, bien ordonnées ; il ne s’y rencontrait rien qui pût être suspect au neurologiste le plus soupçonneux. Mais bientôt notre correspondance cessa tout à fait et je restai dix ans sans entendre parler de lui.

    Je fus bien surpris, l’an passé, quand mon domestique me remit la carte d’Alexandre Le Mansel en me disant que ce monsieur attendait dans l’antichambre. J’étais dans mon cabinet, et je traitais avec un de mes confrères une affaire professionnelle d’une certaine importance. Toutefois, je priai mon confrère de m’attendre une minute et je courus embrasser mon ancien camarade. Je le trouvai bien vieilli, chauve, hâve, d’une excessive maigreur. Je le pris par le bras et le conduisis dans le salon.

    — Je suis bien content de te revoir, me dit-il, et j’ai beaucoup à te dire. Je suis en butte à des persécutions inouïes. Mais j’ai du courage, je lutterai vaillamment, je triompherai de mes ennemis !

    Ces paroles m’inquiétèrent comme elles eussent inquiété à ma place tout autre médecin neurologiste.

    J’y découvrais un symptôme de l’affection dont mon ami était menacé par les lois fatales de l’hérédité, et qui avait paru enrayée.

    — Cher ami, nous causerons de tout cela, lui dis-je. Reste ici un moment. Je termine une affaire. Prends un livre pour te distraire en attendant.

    Vous savez que j’ai beaucoup de livres et que mon salon contient, dans trois bibliothèques d’acajou, six mille volumes environ. Pourquoi fallut-il que mon malheureux ami prit justement celui qui pouvait lui faire du mal et l’ouvrit à la page funeste ? Je conférai vingt minutes environ avec mon collègue, puis, l’ayant congédié, je rentrai dans le salon où j’avais laissé Le Mansel. Je trouvai le malheureux dans l’état le plus effrayant. Il frappait un livre ouvert devant lui, que je reconnus tout de suite pour être la traduction de l’Histoire Auguste. Et il récitait à haute voix cette phrase de Lampride : « Le jour de la naissance d’Alexandre Sévère, une poule appartenant au père du nouveau-né pondit un œuf rouge, présage de la pourpre impériale que l’enfant devait revêtir. »

    Son exaltation allait jusqu’à la fureur. Il écumait. Il criait : « L’œuf, l’œuf de mon jour natal ! Je suis empereur. Je sais que tu veux me tuer. N’approche pas, misérable ! » Il faisait les cent pas. Puis, revenant vers moi, les bras ouverts : « Mon ami, me disait-il, mon vieux camarade, que veux-tu que je te donne ?… Empereur… Empereur… Mon père avait raison… L’œuf pourpre… Empereur, il faut l’être… Scélérat ! pourquoi me cachais-tu ce livre ? Je châtierai ce crime de haute trahison… Empereur ! Empereur ! Je dois l’être. Oui, c’est le devoir. Allons, allons !… »

    Il sortit. J’essayai en vain de le retenir. Il m’échappa. Vous savez le reste. Tous les journaux ont raconté comment, en sortant de chez moi, il acheta un revolver et brûla la cervelle au factionnaire qui lui barrait la porte de l’Élysée.

    Ainsi une phrase écrite au IVe siècle par un historien latin occasionne quinze cents ans plus tard la mort d’un malheureux pioupiou de notre pays. Qui démêlera jamais l’écheveau des causes et des effets ? Qui peut se flatter de dire en accomplissant un acte quelconque : Je sais ce que je fais ? Mon cher ami, c’est tout ce que j’avais à vous conter. Le reste n’intéresse que les statistiques médicales et peut se dire en deux mots. Le Mansel, enfermé dans une maison de santé, resta quinze jours en proie à une folie furieuse. Puis il tomba dans une imbécillité complète, pendant laquelle sa gloutonnerie était telle qu’il dévorait jusqu’à la cire à frotter le parquet. Il s’est étouffé il y a trois mois en avalant une éponge.

    Le docteur se tut et alluma une cigarette. Après un moment de silence :

    — Docteur, lui dis-je, vous nous avez conté là une affreuse histoire.

    — Elle est affreuse, répondit le docteur, mais elle est vraie. Je prendrais bien un petit verre de cognac.




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