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    André Theuriet

    Le Retour au Bois

    La prison où Jean-Marc, le fier coupeur de chênes,
    Rongeait son frein depuis six mortelles semaines
    Vient d’ouvrir ses verrous.
    Il bondit à l’air libre, il semble avoir des ailes,
    Tant il court,… et les clous de ses lourdes semelles
    Sonnent sur les cailloux.

    Six semaines sans voir sa forêt bien-aimée,
    Six semaines d’ennuis pour deux brins de ramée
    Pas plus gros que le bras !…
    Il sourit de pitié, puis il se hâte encore,
    Les yeux toujours fixés vers les grands bois que dore
    Le couchant, tout là-bas.

    Il arrive. La lune au même instant se lève.
    Pendant qu’il languissait dans sa prison, la sève
    À rompu les bourgeons.
    La forêt maintenant est dans toute sa gloire,
    Partout des rameaux verts, pas une branche noire ;
    Partout nids et chansons !

    Il siffle un air de fête en s’enfonçant dans l’ombre,
    Et dans l’épais taillis, des rossignols sans nombre
    Répondent à sa voix.
    Il grimpe, ivre de chants et d’odeurs printanières,
    Sur un hêtre géant dont les branches dernières
    Dominent tout le bois.

    Le voilà se berçant dans l’arbre qui s’incline !
    L’air de la nuit de mai dilate sa poitrine
    Et court dans ses cheveux ;
    Le ciel est sur sa tête, et sous ses pieds murmure
    Et mollement frissonne une mer de verdure
    Aux flots mystérieux.

    De légères vapeurs glissent sur les clairières,
    Et la lune répand sur les champs de bruyères
    Des nappes de clarté.
    — Hurrah ! — Sa voix s’envole, et dans l’azur sans voiles
    On dirait qu’on entend monter jusqu’aux étoiles
    Son cri de liberté…




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