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Antony Valabrègue
Les Filles de Paris
Sur le chemin du bois, par les beaux jours d’été,
Elles viennent souvent se promener ensemble,
A l’heure où le soleil, de sa tiède clarté,
Endort au vent du soir la campagne qui tremble.
Elles vont en chantant des refrains de chansons ;
Au milieu des taillis la fraîcheur les attire.
Elles jettent au loin, à travers les buissons,
Le tumulte charmant de leurs éclats de rire.
Claire mouille au hasard ses pieds dans les ruisseaux ;
Laure, laissant s’ouvrir les plis de son corsage,
S’étonne de ne pas trouver des nids d’oiseaux
Dans la broussaille morte où sa robe s’engage.
Berthe agite un rameau de lilas qu’elle a pris ;
Jeanne fait un bouquet des roses qu’elle cueille.
Quand elles vont aux champs, les filles de Paris
S’amusent d’une fleur et même d’une feuille.
Et nous que la fraîcheur de la belle saison
Remplit comme autrefois de joie et de jeunesse,
Nous sentons revenir, au milieu d’un frisson,
Ce doux besoin d’aimer qui nous trouble sans cesse.
Mais quand nous leur parlons, elles ne savent pas
Que nous avons au cœur une vague espérance.
Pour repousser l’amour qui s’attache à leurs pas,
Elles auront toujours leur jeune insouciance.
A l’ombre des taillis, sans détourner les yeux,
Elles vont s’éloigner bientôt entre les branches,
Emportant loin de nous, avec leurs bruits joyeux,
La gaîté du printemps dans leurs toilettes blanches.