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Émile Verhaeren
Croquis de cloître (IV)
Le chœur, alors qu’il est vide et silencieux,
Et qu’un recueillement sur les choses s’embrume,
Conserve encor dans l’air que l’encens bleu parfume
Comme un frisson épars des hymnes spacieux.
La gravité des grands versets sentencieux
Reste debout comme un marteau sur une enclume,
Et les antiennes d’or, plus blanches que l’écume,
Ouvrent encore leur aile aux chants audacieux.
On les entend frémir et passer sur son âme
Et c’est leur vol qui fait que vacille la flamme
Devant le tabernacle, — et que les saints sculptés
Gardent au creux des murs leurs poses extatiques.
Comme s’ils entendaient toujours les grands cantiques
Autour de leur prière en sourdine chantés.