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Félix Arvers
Sonnet pour mon ami R…
J’avais toujours rêvé le bonheur en ménage,
Comme un port où le cœur, trop long-temps agité,
Vient trouver, à la fin d’un long pélerinage,
Un dernier jour de calme et de sérénité.
Une femme modeste, à peu près de mon âge,
Et deux petits enfans jouant à son côté ;
Un cercle peu nombreux d’amis du voisinage,
Et de joyeux propos dans les beaux soirs d’été.
J’abandonnais l’amour à la jeunesse ardente ;
Je voulais une amie, une âme confidente,
Où cacher mes chagrins, qu’elle seule aurait lus ;
Le ciel m’a donné plus que je n’osais prétendre ;
L’amitié, par le temps, a pris un nom plus tendre,
Et l’amour arriva qu’on ne l’attendait plus.