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    François-René de Chateaubriand

    Nuit d’automne

    Mais des nuits d'automne
    Goûtons les douceurs ;
    Qu'aux aimables fleurs
    Succède Pomone.
    Le pâle couchant
    Brille encore à peine ;
    De Vénus, qu'il mène ;
    L'astre va penchant ;
    La lune, emportée
    Vers d'autres climats,
    Ne montrera pas
    Sa face argentée.
    De ces peupliers,
    Au bord des sentiers,
    Les zéphyrs descendent,
    Dans les airs s'étendent,
    Effleurent les eaux,
    Et de ces ormeaux
    Raniment la sève :
    Comme une vapeur,
    La douce fraîcheur
    De ces bois s'élève.
    Sous ces arbres verts,
    Qu'un vent frais balance,
    J'entends en silence
    Leurs légers concerts :
    Mollement bercée,
    La voûte pressée
    En dôme orgueilleux
    Serre son ombrage,
    Et puis s'entrouvrant,
    Du ciel lentement
    Découvrent l'image.
    Là, des nuits l'azur
    Dans un cristal pur
    Déroule ses voiles.
    Et le flot brillant
    Coule en sommeillant
    Sur un lit d'étoiles.
    Oh ! charme nouveau !
    Le son du pipeau
    Dans l'air se déploie,
    Et du fond des bois
    M'apporte à la fois
    L'amour et la joie.
    Près des ruisseaux clairs,
    Au chaume d'Adèle
    Le pasteur fidèle
    Module ses airs.
    Tantôt il soupire,
    Tantôt il désire ;
    Se tait : tour à tour
    Sa simple cadence
    Me peint son amour
    Et son innocence.
    Dans son lit heureux
    La pauvre attentive
    Ecoute, pensive,
    Ces sons dangereux :
    Le drap qui la couvre
    Loin d'elle a roulé,
    Et son oeil troublé
    Mollement s'entrouvre.
    Tout entière au bruit
    Qui pendant la nuit
    La charme et l'accuse,
    Adèle au vainqueur
    Son aveu refuse
    Et donne son cœur.


    Tableaux de la nature




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