Un monde de connaissances
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    Jean-Pierre Claris de Florian

    La Fable et la Vérité

    La Vérité toute nue
    Sortit un jour de son puits ;
    Ses attraits par le temps étaient un peu détruits,
    Jeunes et vieux fuyaient sa vue :
    La pauvre Vérité restait là morfondue,
    Sans trouver un asile où pouvoir habiter.
    À ses yeux vient se présenter
    La Fable richement vêtue,
    Portant plumes et diamants,
    La plupart faux, mais très brillants.
    Eh ! Vous voilà ! bonjour, dit-elle :
    Que faites-vous ici seule sur un chemin ?
    La Vérité répond : vous le voyez, je gèle :
    Aux passants je demande en vain
    De me donner une retraite,
    Je leur fais peur à tous. Hélas ! je le vois bien,
    Vieille femme n’obtient plus rien.
    Vous êtes pourtant ma cadette,
    Dit la Fable, et, sans vanité,
    Partout je suis fort bien reçue ;
    Mais aussi, dame Vérité,
    Pourquoi vous montrer toute nue ?
    Cela n’est pas adroit. Tenez, arrangeons-nous ;
    Qu’un même intérêt nous rassemble :
    Venez sous mon manteau, nous marcherons ensemble.
    Chez le sage, à cause de vous,
    Je ne serai point rebutée ;
    À cause de moi, chez les fous
    Vous ne serez point maltraitée.
    Servant par ce moyen chacun selon son goût,
    Grâce à votre raison et grâce à ma folie,
    Vous verrez, ma sœur, que partout
    Nous passerons de compagnie.




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