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Léon Valade
L’Asile
Les vieux tilleuls fleuris embaument… Le parterre,
Abandonné, végète au gré de la saison.
De la grille on ne voit qu’un pan de la maison
Petite et sombre au fond d’un quartier solitaire.
La maison est petite : et d’un air de mystère
Les massifs du jardin bornent son horizon.
Tout ce qu’ont écouté cette ombre et ce gazon
D’extatiques secrets, on voit qu’ils l’ont su taire.
C’est là, c’est dans ce coin qui serait l’univers,
Dans cet ancien logis, et sous ces arbres verts
Pieux comme un préau de couvent catholique,
Qu’en mes rêves je vois deux amants, muets, seuls,
Abriter un bonheur doux et mélancolique,
Ainsi qu’aux soirs de mai l’arome des tilleuls.