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    Mélanie Waldor

    Dors à mes pieds

    Au réveil donne-moi un long regard de flamme
    Ton doux sourire et ton baiser.

    Mlle Louise Arbey


    
Dors à mes pieds ...! Rêve d'amour :
    
Mon souffle, comme une caresse,

    Glissera sur le pur contour

    De ce beau front qu'avec paresse

    Tu reposes sur mes genoux.

    Dors à mes pieds, tout fait silence,

    Hors la branche qui se balance,

    Souple et frêle, au-dessus de nous ;

    Dors à mes pieds, tout fait silence.



    Sous mes baisers clos tes yeux noirs,

    Tes yeux où brillent tant de flammes,

    Qu'on les croirait les deux miroirs

    Où se reflètent nos deux âmes.

    Dors à mes pieds ...! Rêve d'amour ;

    Je suis jalouse de tes rêves,

    Comme du temps que tu m'enlèves

    Avec le monde chaque jour...

    Je suis jalouse de tes rêves !



    Dors ; c'est l'oiseau joyeux des champs

    Qui passe, s'arrête, et t'écoute :

    Il a pris ta voix pour des chants,

    Et s'est égaré de sa route.

    L'air de parfums est embaumé ;

    L'onde, l'herbe, les fleurs, la terre,

    Tout comprend ici le mystère

    Du bonheur d'aimer, d'être aimé !

    Dors sur l'herbe, les fleurs, la terre !



    Le soleil glisse à l'horizon,

    Pas un souffle, pas un nuage...

    Un rayon d'or, sur le gazon,

    Reste comme un heureux présage !

    Nos riches tapis ne sont pas

    Aussi doux que ce lit de mousse

    Où, folâtre, ta main repousse

    Le brin d'herbe effleurant mon bras.

    Dors sur l'herbe, les fleurs, la mousse.



    À ton réveil cherche mes yeux,

    Et mes yeux te diront : « Je t'aime. »

    Alors sur notre étoile aux cieux,

    En nous redisant : « C'est la même, »

    Nous tournerons notre regard,

    Ainsi que fait sur sa Madone

    Le matelot à qui l'on donne

    Au loin le signal du départ :

    Notre étoile est notre Madone.



    Dors à mes pieds...! Rêve d'amour :

    Mon souffle, comme une caresse,

    Glissera sur le pur contour

    De ce beau front qu'avec paresse

    Tu reposes sur mes genoux.

    Dors à mes pieds, tout fait silence,

    Hors la branche qui se balance,

    Souple et frêle, au-dessus de nous ;

    Dors à mes pieds, tout fait silence.




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