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    Paul Verlaine

    Bah ! ce n’est pas à vous

    Bah ! (Ce n’est pas à vous que l’on parle, madame),
    Après tout, laissons-nous promener par la lame.
    Elle est douce, elle est forte, elle sent bon la mer,
    Son haleine est salée avec un goût amer,
    Elle est ronde et nerveuse, elle chante, elle gronde,
    Et c’est un véhicule aimable sur le monde,
    Sa transparence aussi forme un miroir vivant,
    Réfléchissant le ciel et son aspect mouvant.
    La brise la caresse et la bise la fouette.
    Espoir, regret ou vœu, l’aile de la mouette
    Vole autour et, la nuit, grise, est rose le jour.
    Comme la certitude ou le doute en amour...
    Laissons-nous promener par elle (rien, ma chère,
    Qui vous concerne) tant qu’elle est encor légère
    Et claire et mesurée en un juste reflux.
    N’attendons pas, grands dieux ! qu’il ne soit bientôt plus
    Temps, que, sous l’ouragan subit, elle n’éclate
    Furieuse et méchante et trouble sous Hécate
    Fatidique et moqueuse en les nuages lors :
    Telle une femme ayant franchement tous les torts,
    Qui se révolte et devient pire que nature,
    Orage de colère et tourbillon d’injure !
    Ah ! malheur à celui pris dans cet affreux pot
    Au noir
       (Tiens, chère ! Que charmante ce tantôt ! )




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