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    Le potentiel anticancéreux des plantes médicinales d’Afrique

    Dans un article, des chercheurs ont exploré les propriétés potentiellement anticancéreuses des plantes médicinales d’Afrique subsaharienne dans l’optique d’élaborer de nouveaux médicaments.



    Selon les chercheurs, certaines plantes médicinales (ici le gingembre) ont des propriétés anticacéreuses. Crédit image: Nirajan_pant


    Pour cela, ils ont recueilli et fait la synthèse des effets anticancéreux et des mécanismes moléculaires déjà observés et publiés. Exploitant une base de données scientifiques pour sélectionner les articles de recherche sur les plantes médicinales d’Afrique subsaharienne publiés entre janvier 2013 et mai 2023.

    « Ce travail est assez exceptionnel. Un important travail de bibliographie a dû être fourni pour identifier les articles scientifiques décrivant les effets d’un extrait de plante avec suffisamment de détails. Jusqu’à présent, aucun article de ce type n’avait été publié », indique Jean-Marc Lobaccaro, un des auteurs de cette étude, par ailleurs enseignant-chercheur à l’université Clermont-Auvergne et au Centre de recherche en nutrition humaine Auvergne (France).

    Selon les auteurs de ces travaux, l’aspect le plus surprenant de cette étude réside dans l’abondance et la diversité des plantes identifiées, ce qui remet en question les perceptions que l’on peut avoir de la médecine non occidentale.

    Ils mettent notamment l’accent sur le travail considérable qui a été réalisé pour identifier des molécules bioactives potentielles dans différentes familles de plantes, qui offrent des possibilités variées de traitement.

    En effet, les plantes médicinales citées dans l’étude proviennent de plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Les chercheurs ont concrètement identifié 204 espèces de plantes dans 57 familles, ayant des caractéristiques chimiques anticancéreuses.

    Les plantes appartenant à ces familles sont non seulement les plus utilisées par les populations d’Afrique subsaharienne, mais elles représentent aussi une véritable alternative thérapeutique.

    Ce sont principalement les amaryllidaceae (16), les fabaceae (14), les annonaceae (10), les asteraceae (10), les apocynaceae (8), les lamiaceae (8) et les solanaceae (8).

    « L’attrait fondamental que représente l’étude des plantes médicinales, c’est qu’elles sont utilisées depuis des décennies, voire des siècles, par les tradipraticiens, et leur toxicité est censée être connue », indique Bagora Bayala, autre auteur de l’étude, par ailleurs enseignant-chercheur au département de biochimie-microbiologie de l’université Joseph Ki-Zerbo au Burkina Faso.

    Parmi les mécanismes observés chez ces plantes, on compte l’inactivation des carcinogènes, l’activation des gènes suppresseurs de tumeurs et l’inhibition de la prolifération de cellules cancéreuses. La berbérine par exemple, un alcaloïde dérivé du berberis vulgaris, peut prévenir l’invasion des cellules et des métastases en cas de cancer du sein.

    Quant à lui, le resvératrol qui est un composé présent dans de nombreuses plantes à l’instar de l’arachide (arachis hypogaea) a un effet anticancéreux à différents stades de la maladie, et il a été utilisé dans plusieurs essais cliniques.

    L’étude révèle aussi que les cultures cellulaires les plus communément utilisées dans les études antérieures avaient été prélevées chez des patients atteints de cancer du sein (24,67 %), du sang (17,41 %), du côlon (14,02 %), du cerveau (13,71 %), du foie (6,93 %), du poumon (5,86 %), du col de l’utérus (5,08 %) et de la prostate (4,62 %). Il s’agit aussi des types de cancer les plus répandus dans la région.

    La richesse des espèces de plantes médicinales en Afrique subsaharienne n’est pas uniquement due aux conditions climatiques, mais aussi à la culture et aux traditions des populations de cette vaste région. En effet, elles utilisent davantage les plantes à des fins thérapeutiques.

    En outre, apprend-on, les plantes médicinales présentent une toxicité relativement faible et ont des effets secondaires moins importants que ceux des molécules chimiothérapiques conventionnelles.

    Du point de vue de Jean-Marc Lobaccaro, envisager l’avenir consisterait à étudier les extraits de plante décrits dans cet article, d’en examiner toutes les molécules actives, de les tester dans des cultures cellulaires et, enfin, d’autoriser la mise sur le marché des molécules pour qu’elles soient utilisées pour lutter contre le cancer. (SciDev.Net)

    27 AVRIL 2024



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