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Renée Vivien
Sonnet
Parle-moi, de ta voix pareille à l’eau courante,
Lorsque en moi s’est lassé le souffle des aveux.
Dis-moi des mots railleurs et cruels si tu veux,
Mais enveloppe-moi de la phrase enivrante.
De ce timbre voilé qui m’attriste et m’enchante,
Lorsque mon front s’égare en tes vagues cheveux,
Exprime tes espoirs, tes regrets et tes vœux,
O mon harmonieuse et musicale amante !
Et je t’écouterai comme on écoute un chant,
Sans presque te comprendre et sans rêver… cherchant
Sinon le frais oubli, du moins la somnolence.
Car si tu t’arrêtais, ne fût-ce qu’un moment,
J’entendrais… : j’entendrais au profond du silence
Quelque chose d’affreux qui pleure horriblement.