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    Théodore Agrippa d’Aubigné

    Mais quoi ! déjà les Cieux s’accordent à pleurer

    Mais quoi ! déjà les Cieux s'accordent à pleurer,
    Le soleil s'obscurcit, une amère rosée
    Vient de gouttes de fiel la terre énamourer,
    D'un crêpe noir la lune en gémit déguisée,
    Et tout pour mon amour veut ma mort honorer.
    Au plus haut du midi, des étoiles les feux,
    Voyant que le soleil a perdu sa lumière,
    Jettent sur mon trépas leurs pitoyables jeux,
    Et d'errines aspects soulagent ma misère.
    L'hymne de mon trépas est chanté par les Cieux.
    Les anges ont senti mes chaudes passions,
    Quittent des Cieux aimés leur plaisir indicible,
    Ils souffrent affligés de mes afflictions,
    Je les vois de mes yeux bien qu'ils soient invisibles,
    Je ne suis fasciné de douces fictions.
    Tout gémit, tout se plaint, et mon mal est si fort
    Qu'il émeut fleurs, côteaux, bois et roches étranges,
    Tigres, lions et ours et les eaux et leur port,
    Nymphes, les vents, les cieux, les astres et les anges.
    Tu es loin de pitié et plus loin de ma mort,
    Plus dure que les rocs, les côtes et la mer,
    Plus altière que l'air, que les cieux et les anges,
    Plus cruelle que tout ce que je puis nommer,
    Tigres, ours et lions, serpents, monstres étranges,
    Tu ris en me tuant et je meurs pour aimer.




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