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Tuberculose : Décentraliser le diagnostic améliore le dépistage chez l’enfant
La décentralisation du diagnostic de la tuberculose (TB) dans les hôpitaux de district et les centres de santé primaires contribue à améliorer la détection de cette maladie infectieuse chez l’enfant.
C’est ce que révèle une des études menées dans le cadre du projet TB-Speed dans six pays (Cambodge, Cameroun, Côte d’Ivoire, Mozambique, Sierra Leone et Ouganda) connaissant une forte incidence de la tuberculose.
Selon Olivier Marcy, directeur du projet TB-Speed, le diagnostic de la tuberculose chez l’enfant est très difficile, en raison du peu de bactéries dans les poumons et la difficulté de faire des prélèvements d’expectoration (crachat).
De plus, ce diagnostic reste centralisé dans les centres hospitaliers universitaires (CHU) et les hôpitaux régionaux. « L’idée de cette étude était de regarder si ça fonctionnait de décentraliser un certain nombre de tests diagnostiques jusqu’au niveau des centres de santé primaires et dans les hôpitaux de district », explique-t-il.
Les auteurs de cette étude sont issus de l’Institut de recherche ougandais MU-JHU, de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et de l’université de Bordeaux. Ils ont comparé la proportion d’enfants et jeunes adolescents de moins de 15 ans diagnostiqués avec une tuberculose dans 12 hôpitaux de district et 47 centres de santé primaires de 12 districts, entre une période avant intervention (aout 2018 à novembre 2019) et une période pendant l’intervention (mars 2020 à septembre 2021).
D’après l’étude, deux modèles de décentralisation ont été retenus. L’un renforce la capacité de diagnostic au niveau des hôpitaux de district où les enfants ayant présenté des symptômes de tuberculose au niveau des centres de santé primaires étaient orientés pour une évaluation diagnostique. L’autre modèle renforce la capacité de diagnostic au niveau des centres de santé primaires,.
« […] On a été en mesure de dépister 180 mille enfants sur six pays. Parmi ces enfants, il y en a 411 qui ont été diagnostiqués avec une tuberculose, ça fait un taux de 0,23-0,24 %, alors que dans la période de contrôle, sur 255 mille enfants vus dans ces centres, il y en avait eu que 217 qui avaient été diagnostiqués pour une tuberculose, donc ça faisait 0,08 %. Du coup, ça montre que la détection des cas a été multipliée quasiment par 3, de 0,08 à 0,24 », soutient Olivier Marcy.
L’étude confirme que « la décentralisation des choses qui paraissent complexes comme des prélèvements nasopharyngés, de selles, pour les tester sur la plateforme GeneXpert, outil de diagnostic de la tuberculose, est faisable et très acceptable dans des centres de santé primaires et les hôpitaux de district », indique-t-il.
Selon ses explications, les infirmiers, les assistants sanitaires… qui travaillent au niveau des centres de santé primaires peuvent mettre en œuvre des méthodes de prélèvements complexes comme l’aspiration nasopharyngée qui consiste à aspirer le retropharynx avec un petit tube inséré dans la narine pendant quelques secondes, ensuite effectuer le test GeneExpert sur place.
« […] On a mis en place aussi la radiographie digitale dans les hôpitaux de district et on a renforcé les compétences cliniques du personnel par la formation, la supervision, le mentorat clinique. On a montré que ça augmente globalement la détection des cas de tuberculose », précise-t-il.
Environ 10 millions de cas de tuberculose sont enregistrés par an dans le monde et un peu plus de 10 % de ces cas sont des cas de tuberculose chez l’enfant. La mortalité liée à cette maladie reste élevée avec 1,3 à 1,5 million de décès par an. Ces décès surviennent parce que la maladie est grave, mais surtout chez l’enfant parce que la maladie n’est pas diagnostiquée, soutient Olivier Marcy. (SciDev.Net)