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Victor Escousse
À ma chambre
De mon indépendance,
Adieu, premier séjour,
Où mon adolescence
A duré moins d'un jour !
Bien que peu je regrette
Un passé déchirant,
Pourtant, pauvre chambrette,
Je vous quitte en pleurant !
Du sort, avec courage,
J'ai subi tous les coups ;
Et, du moins, mon partage
N'a pu faire un jaloux.
La faim, dans ma retraite,
M'accueillait en rentrant...
Pourtant, pauvre chambrette,
Je vous quitte en pleurant !
Au sein de la détresse,
Quand je suçais mon lait,
Une tendre maîtresse
Point ne me consolait.
Solitaire couchette
M'endormait soupirant...
Pourtant, pauvre chambrette,
Je vous quitte en pleurant !
De ma muse, si tendre,
Un Dieu capricieux
Ne venait point entendre
Les sons ambitieux.
Briller pour l'indiscrète,
Est besoin dévorant...
Pourtant, pauvre chambrette,
Je vous quitte en pleurant !
Adieu ! Le sort m'appelle
Vers un monde nouveau :
Dans couchette plus belle,
J'oublierai mon berceau.
Peut-être, humble poète
Loin de vous sera grand...
Pourtant, pauvre chambrette,
Je vous quitte en pleurant !