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    Virus : Comprendre l’apparition de nouveaux variants

    L’épidémie de Mpox constitue, depuis le mois d’août, une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) et une urgence de santé continentale.



    Une particule du virus responsable du Mpox. Crédit image: NIAID


    La décision a été prise par l’OMS et Africa CDC en réponse à la recrudescence de la maladie en République démocratique du Congo (RDC) et à sa propagation dans plusieurs autres pays africains, ainsi que du fait de l’apparition de nouveaux variants, notamment la souche virale clade 1b (qui provient de la souche clade 1) potentiellement plus transmissible.

    L’apparition de cette nouvelle souche est intervenue au cours de la réplication du virus dans l’organisme, explique Samuel Boland, responsable de l’incident Mpox au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.

    Il explique que le Mpox est causé par l’orthopoxvirus et, comme de nombreux virus, il évolue au fil du temps en se propageant dans les populations humaines et animales.

    « Nous comprenons l’origine des nouvelles variantes principalement grâce au séquençage génétique, qui nous permet de suivre les changements dans la composition génétique du virus. Ces variantes peuvent résulter de mutations au cours de la réplication du virus », précise Samuel Boland.

    Richard Njouom, chef de service de virologie au Centre Pasteur de Yaoundé au Cameroun, abonde dans le même sens et souligne que la réplication est le mécanisme de reproduction du matériel génétique chez tous les êtres vivants.

    Les acides nucléiques, qui sont les molécules responsables de cette information génétique, se présentent sous deux formes : l’acide désoxyribonucléique (ADN) chez l’homme et l’l’acide ribonucléique (ARN) chez les virus.

    En cas de mauvaise interprétation d’une unité de base par les enzymes, ces protéines qui interviennent dans le processus de réplication, la conséquence sera un défaut de composition du matériel génétique final. Selon le virologue, les enzymes chez l’humain sont « fidèles et les enzymes de réplication chez les virus sont infidèles ».

    Selon ses explications, cela veut dire qu’au cours de la réplication chez l’humain, les cellules ont un mécanisme complexe qui assurent la conservation de l’information génétique, et en cas d’erreur constatée, la cellule marque l’arrêt de la réplication et lance un processus de correction pour s’assurer que le brin final soit identique au brin de départ.

    En revanche, fait savoir Richard Njouom, chez les virus, la conservation du matériel génétique n’est pas contrôlée. Lors d’une réplication, si la base nucléique du brin initial est remplacée par une mauvaise base ou même pas du tout remplacée, la synthèse continue.

    On aura ainsi un acide nucléique nouveau qui aura ses propres propriétés : c’est la mutation. Le virus qui contient ce nouveau matériel génétique sera appelé variant.

    Il ajoute que la mutation peut aller toucher l’épitope « qui est l’élément indispensable pour la réplication ». Quand l’épitope est touché, la propagation du nouveau virus est donc plus efficace et l’infection se manifeste beaucoup plus vite, dit-il.

    À en croire Samuel Boland, ces mutations sont souvent influencées par des facteurs tels que la durée des épidémies, le niveau de transmission communautaire et les interactions avec les réservoirs animaux.

    Si certaines nouvelles variantes peuvent sembler plus virulentes, cela peut dépendre de multiples facteurs, y compris des mutations qui peuvent modifier la façon dont le virus interagit avec les cellules humaines, la réponse immunitaire de l’hôte ou le contexte clinique des personnes infectées, relève le responsable de l’incident Mpox pour l’OMS Afrique.

    « Toutefois, nous devons être prudents lorsque nous attribuons une virulence accrue uniquement à des mutations. D’autres facteurs, tels que la capacité du système de santé, les conditions sous-jacentes des populations touchées et les influences environnementales, peuvent également jouer un rôle », fait-il savoir.

    Il soutient qu’à l’heure actuelle, nous ne savons pas si la propagation rapide du clade 1b est due au virus lui-même ou à son mode de propagation, qui comprend la transmission par contact sexuel, laquelle peut amplifier l’épidémie, comme cela a été le cas lors de l’épidémie mondiale de 2022.

    Il est possible que d’autres variants apparaissent au fur et à mesure que le Mpox continue à circuler, en particulier dans les zones où les épidémies persistent pendant de longues périodes, signale Samuel Boland.

    « Ce phénomène est typique de nombreux virus qui s’adaptent à de nouveaux environnements et à de nouveaux hôtes. Une surveillance continue, par le biais du séquençage génomique, est essentielle pour suivre tout changement dans le virus qui pourrait affecter la transmissibilité, la gravité ou la résistance aux traitements existants », soutient ce dernier.

    Pour Flaubert Mba, spécialiste de la faune sauvage et point focal One Heath au Centre de recherche sur les maladies émergentes et ré-émergentes (CREMER) à Yaoundé, il s’agit ici d’une dynamique évolutive qui peut être due aux pressions exogènes ou liées à l’hôte.

    « Ces pressions sélectionnent les mutants capables de les contourner. L’on pourrait avoir une nouvelle ou de nouvelles variantes du virus initial », soutient-il.

    Dès lors, il faut « éviter de manipuler les carcasses d’animaux retrouvées dans la nature, éviter de consommer de la viande de brousse ou alors la cuire à point avant consommation, ne pas rentrer en contact avec une personne présentant les signes de la maladie », ajoute le spécialiste.

    La clé de la prévention de l’émergence de nouvelles variantes réside dans la réduction de la transmission, renchérit Samuel Boland. « Cela implique d’intensifier les efforts de vaccination, d’assurer des réponses de santé publique solides et de maintenir de bonnes pratiques d’hygiène. En outre, la protection des réservoirs animaux et la prévention de la propagation zoonotique sont essentielles », détaille-t-il. (SciDev.Net)

    27 SEPTEMBRE 2024



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